Il y a quelque temps, j’ai été sollicitée par Claudine Olivier, enseignante-chercheuse en sciences du langage à l’Université Lyon 3. Elle organise un colloque interdisciplinaire sur le thème des relations homme-animal (il aura lieu le 30 avril 2014 à Lyon, d’autres informations à venir sur ce blog). A première vue, rien d’original à cela, tant cette thématique intéresse les savants d’aujourd’hui, qu’ils soient scientifiques, sociologues ou philosophes (consultez par exemple le programme du colloque « Nous et l’animal » qui a eu lieu le 7 février 2014 au Palais du Luxembourg, cf. ci-joint ).
Mais cette fois ci, l’initiative vient d’une spécialiste du langage…. !
Dans le cadre d’un stage poursuivant le colloque, Claudine Olivier souhaite explorer les « liens entre la voix, le corps et le langage » en plaçant les participants dans la peau d’un animal.
Cramponné à mes paradigmes de scientifique, je ne suis pas certaine d’avoir parfaitement saisi le sens et l’objectif de sa démarche. Mais elle m’intéresse et m’interroge, parce qu’elle sort des sentiers battus, et surtout parce que ce défrichage émane d’une universitaire.
Forcément amusée, je suis aussi curieuse de savoir ce que tout cela peut nous faire comprendre de nos relations avec l’animal. Car de tout temps les limites entre l’homme et l’animal non humain ont été fantasmées : en témoignent les représentations d’êtres intermédiaires ou composites, chimères, grylles, dragons ornant certains édifices ; en témoignent les représentations mixtes, homme-animal, qui sont partout dans toutes les cultures, formes d’art et religions. Le Christ est l’agneau pascal, un animal symbole du sacrifice de Dieu pour sauver l’Humanité, et le porte parole de Dieu, le Saint Esprit, est une colombe ; les anges ont eux des ailes empruntées aux oiseaux. Dans la mythologie, la déesse Léda se laisse enfanter par Jupiter métamorphosé en cygne, et donne naissance aux jumeaux mi hommes-mi animaux Pollux et Hélène. Que penser aussi des performances de l’artiste Spencer Tunik rassemblant des centaines d’hommes et de femmes nues, où comme sur la photo ci jointe, les hommes reconnaissables au premier plan deviennent à peine plus loin des moutons ? On ne sait plus exactement où se situe la limite entre l’homme et l’animal, et c’est ce qui trouble dans cette image.
En définitive, pouvons-nous aujourd’hui répondre à cette question : quelle part d’animalité contient l’homme ? Les biologistes ne cessent d’apporter de nouveaux éclaircissements , par exemple à travers la génétique et l’étude des comportements.
De manière tout à fait originale, Claudine Olivier propose d’explorer cette question à partir d’un autre point de vue, celui de la linguistique. Que pourrons-nous en apprendre ? Wait n see.. Je vous tiendrai bien sur au courant !